Michael Mandiberg
Virtual Background, 13.10.2020
Dernièrement, Mandiberg a peint le fond des ami·es avec lesquel·le·s Mandiberg a passé des appels vidéo pendant le confinement ; pour notre série HEK Net Works, Mandiberg en met certains à disposition pour qu'ils servent de fond virtuel à nos conversations en ligne.
Les "Virtual Backgrounds" de Michael Mandiberg peuvent être téléchargées ici du 13.10 au 10.11.2020 et être utilisées comme fond virtuel lors d'appels vidéo en ligne.
Déclaration de Michael Mandiberg sur leur travail Virtual Background (2020):
"Lorsque
New York a fait une pause pour COVID-19, mes contacts humains et ma
communication ont cessé. Comme beaucoup de travailleurs de
l'information, je me suis retrouvé·e à passer des heures d'appels vidéo
quotidiens. Une rotation de visages familiers, assis en face de moi dans
des pièces inconnues, ponctuait ma journée de travail. J'ai visité des
bureaux improvisés, les cuisines de collègues et les chambres d'enfants
de mes étudiant·e·s, observant la façon dont les gens choisissent de
cadrer leur environnement pour un appel, ou le négligent complètement.
En réponse, j'ai commencé une série de peintures qui capturent et
rassemblent ces interactions. Chaque tableau correspond à l'un des
appels vidéo que j'ai passés pendant ma quarantaine, et représente la
chambre de la personne que j'ai appelée. Chaque tableau mesure 6" x 11"
et reflète les proportions 9:16 de l'appel Zoom. Si possible, j'ai
essayé de terminer chaque tableau dans le laps de temps de l'appel vidéo
d'où il provient. Cependant, lorsque les exigences de mon appel
m'empêchent de peindre, je me suis laissé·e le temps d'achever les
tableaux après coup. Je peins ces pièces sans la personne qui est assise
devant la caméra. Ce faisant, cette série sert d'enregistrement des
interactions marquées par l'absence. L'absence est due à des objectifs
de mauvaise qualité, à des algorithmes de compression et à des
connexions inégales qui transforment les couleurs blanc cassé en rose
clair, en jaune et en bleu froid. Cette pratique de la peinture m'a aidé
à faire face à l'épuisement cognitif de tous les appels vidéo, et à
l'anxiété de l'auto-isolement pendant que les sirènes hurlaient dans les
rues autour de moi. Je sais que l'isolement est un privilège, mais pour
moi, c'est un privilège nécessaire, car je suis immunodéprimé·e.
Peindre ces toiles a été une tentative d'enregistrement de la mémoire,
tout autant qu'une pratique d'autoguérison et de préservation. Le temps a
changé en l'absence d'une routine régulière et j'ai perdu la notion du
jour. Ces peintures m'aident à garder une trace des expériences
numériques qui sont plus susceptibles de s'échapper et d'être oubliées.
Ce sont des souvenirs, et des mémoriaux.“
Michael Mandiberg est un·e artiste interdisciplinaire qui réfléchit sur les dimensions sociopolitiques des technologies de l'information, tout en explorant leurs expressions poétiques. Mandiberg a développé un logiciel qui convertit tous les prix sur une page web en leur valeur équivalente en barils de pétrole, et a ainsi attiré l'attention sur une crise écologique en cours (Oil Standard, 2005). Mandiberg a fondé l'initiative Art+Féminisme(2013-en cours), qui vise à promouvoir la présence des femmes dans l'encyclopédie en ligne Wikipedia. Mandiberg a également écrit un logiciel qui transforme l'ensemble de l'encyclopédie en ligne en 7 473 volumes de 700 pages entre 2009 et 2016, soulignant l'incongruité d'une telle opération (Print Wikipedia, 2009-16). Son travail récent, Postmodern Times(2016-18), consiste en des courts métrages commandés à la plateforme de crowdsourcing en ligne fiverr.com, pour la création d'un film qui reprend le thème du célèbre film de Charlie Chaplin, Modern Times, pour proposer un portrait actuel du travail à l'ère numérique.